jeudi 29 janvier 2015

Divergente, Tome 3 : Allégeance

Auteur : Veronica Roth

Sortie : 2014

Note : 4/5


Résumé : Le règne des factions a laissé place à une nouvelle dictature. Tris et ses amis refusent de s'y soumettre. Ils doivent s'enfuir. Mais que trouveront-ils au -delà de la clôture ? Et si tout n'était que mensonge?

Mon avis : On se retrouve donc pour la critique du dernier tome de la trilogie Divergente. Et quelle conclusion explosive, époustouflante, choquante, magnifique et terrible à la fois. Sur certains points, ce tome m'a déçu, mais sur d'autres, l'auteure a été à la hauteur de mes attentes et les a même souvent dépassés. Cette critique risque de contenir quelques spoils, donc vous êtes prévenus.

   Commençons comme d'habitude par l'intrigue. À la fin du tome 2, Tris et ses amis reçoivent le message de Édith Prior (une ancêtre de Tris, c'était pas dur à deviner), mais ils sont arrêtés par la nouvelle dictature mise en place par les Sans-Factions. Très vite ils vont se rendre compte qu'ils n'ont pas d'autres options que de s'enfuir pour découvrir ce qu'il y a en dehors de la clôture, et peut-être trouver quelque chose ou quelqu'un qui les aidera à sauver leur ville. Dans ce tome, on se rend compte que Chicago, au même titre que plusieurs autres villes, sont des sortes "d'expériences" de génétique, des études de différents sujets, toujours dans le but de sauver la race humaine, ou tout du moins de la rendre meilleure. En dehors de cette ville donc, il y a plusieurs autres cités qui sont dans le même cas, puis des villes où les gens sont libres, où ils travaillent... Nous qui croyons que Chicago était totalement isolée, une sorte de dernier bastion de l'humanité, on ne pouvait mieux se tromper. L'intrigue réside donc dans la découverte du dehors, l'histoire de la Dernière Guerre des États-Unis d'Amérique, les conséquences, les remèdes, les expériences. Tris et ses amis cherchent leur passé, leur origine, leur histoire, tout ça pour trouver leur future.
   Nous assistons à un total changement de décors, et cela a un gros impact sur chaque personnage, ils sortent de leur isolement, de leur "cage", ils découvrent de plus en plus de choses sur l'extérieur, les autres hommes, sur eux-mêmes et particulièrement sur leur gènes.
   Nous pouvons donc faire ici le lien avec le genre dystopique du roman, avec le monde dystopique. Dans les deux romans précédents, nous nous posons des tas de questions, et nous n'avons que peu de réponses, car ils reposent sur une sorte deréponses viennent peu à peu, les personnages comprennent les motivations des Altruistes, les secrets, les nouvelles politiques, et tout cela est accompagné d'un charabia scientifique long, intense et compliqué. Car oui, pour tout suivre, pour tout comprendre, pour tout saisir, pour tout percevoir, il faut relire le livre plusieurs fois, ou alors être assez intelligent. C'est assez délicat de ressortir de ce roman en ayant tout compris, du but de l'expérience, aux gènes purs ou déficients des personnages. Certes, cela répond à nos interrogations, tout est plus ou moins cohérent, mais en même temps l'explication "scientifique" ou "génétique" était la seule plausible, la seule possible, alors il n'y a pas vraiment de surprises, mais l'auteur est parfois allée chercher loin et a embrouillé le lecteur, ce que je n'ai pas vraiment apprécié.
"guerre civile", mais là c'est l'éclatement des frontières, les
   Un petit mot sur le rythme de ce tome, comme dans toute la trilogie, tout va très vite, tout s'enchaîne rapidement et avec fluidité, les rebondissements sont nombreux et les révélations encore plus, il y a pas mal de suspens, et c'est toujours aussi addictif, nous sommes souvent surpris, sauf pour la toute fin. Malgré le choc, avec du recul, c'était assez prévisible.
   
   L'écriture ne change pas vraiment d'un tome à un autre, les sentiments sont toujours relativement bien transcris, les descriptions bonnes mais pas trop chargées, les actions sont présentes mais bien dosées. Je note particulièrement la beauté de l'écriture qui est le support des pensées de Tris, cette fille étant assez intelligente et vive d'esprit, il a fallu adapter la plume au personnage, ce qui est assez rare, c'est souvent l'inverse, mais là c'est réussit avec brio, et on a l'impression d'être dans sa tête et de ressentir avec son coeur.

   Venons en aux personnages. C'est là que ça coince un peu. Vous vous souvenez quand Tris et Tobias se disputaient sans arrêtes, qu'ils faisaient n'importe quoi ? Et ben là, ça continue. Ils sont plongés dans un environnement difficile, et même si ils se retrouvent toujours, ils continuent de se disputer, et franchement ça devient vraiment pesant. Ils prennent souvent des décisions débiles, en réfléchissant, mais pas assez, et on a souvent envie de s'arracher les cheveux, ou de les étrangler. Et quand monsieur flirte avec je ne sais plus quelle conne, c'est à peu près le moment où j'avais envie de le flinguer. Ils ont vécu des tas de choses dans le tome 2, mais ils n'en tirent aucune leçon. Et même les moments romantiques, les belles phrases, les belles émotions, et ben ça ne rattrape pas tout ça.
   Je ne vais détailler que les deux personnages principaux ici, sinon ça serait trop long. Tobias donc, Tobias que j'ai bien aimé dans les deux premiers tomes, ici il perd toute contenance. Je le voyais comme un être puissant, droit, fort, indestructible, inflexible, confiant, réfléchis ; alors qu'ici on assiste à tout le contraire. Il perd confiance, il perd pied, il nous fait même un caprice par qu'il est GD au lieu de GP (vous comprendrez en lisant), mais oh mon dieu pauvre biche il va pas s'en remettre quoi. Il perd beaucoup de son intérêt, de son charme, de son mystère, la narration de son point de vue (qu'on observe pour la première fois) est lente, pesante, il est déstabilisé, il cherche son identité, son rôle dans tout ça. Je l'ai vraiment moins aimé ici, il m'a souvent énervé et n'a pas servis à grand chose sinon soutenir Tris.
   Quant à elle, elle s'améliore un peu depuis de le Tome 2 où je l'avais haïs. Alors qu'elle faisait n'importe quoi, elle reprend un peu contenance ici, réfléchis plus, elle doute moins quant à ses capacités, ses choix, au final elle sait ce qu'elle veut, elle sait qui elle est, même si elle est toujours aussi impulsive, ce qui donne parfois quelques mauvaises conséquences. On note une belle évolution entre ces trois tomes, peu à peu elle acquiert de vraies valeurs à défendre, elle trouve un but, elle conserve sa volonté de sauver sa ville et d'aider ses amies, elle fait preuve de courage et de détermination, et j'ai bien aimé la retrouver comme ça après le massacre de Insurgent. Je ne m'attarde pas sur leur romance, car ça m'a énervé, ils se disputent, se retrouvent, se redisputent, au final tout est plat, sauf quelques passages avec pas mal d'émotions, il n'y a plus rien d'intéressant.

   Enfin, les personnages secondaires, qui sont tous adorables, attachants au possibles, surtout Uriah, mon personnage préféré de la série qui apporte sa touche d'humour, de dérision, mais aussi de courage, de loyauté, il incarne très bien les Audacieux, et ça fait du bien d'avoir quelqu'un de stable, qui est fidèle à lui-même depuis le début, dans un monde en constante évolution. Avec lui, pas d'engueulades, pas de problèmes, pas d'apitoiements, il vit et c'est un bonheur de l'avoir. Quant aux autres, vous verrez bien par vous-mêmes, il ne faut pas que je révèle tout non plus.

   Un petit mot sur la fin aussi, sans spoiler. Je salue vraiment l'auteure qui a osé faire une telle fin. Je vois ça comme un accomplissement, même si c'est une déferlante d'émotions, que ça nous brise, littéralement, l'auteure est allée au bout de ses personnages, de ses idées, de ses valeurs, de ses messages qu'elle nous fait passer dans le roman, et c'est très admirable. Cette fin fait de Tris une véritable héroïne, qui au final de dévie pas de ses valeurs, qui fait ce qu'elle croit juste. 
   Préparez-vous a versé quelques larmes, non pas que pour la fin, mais pour quelques passages du livres, car Veronica Roth est sadique, sans pitié, et n'hésite pas à tuer, encore et encore.

   Au final, Allégeance est une belle fin, un peu déçu quant aux explications scientifiques et dystopiques, même si cela est cohérent et répond bien à nos questions, un peu déçu aussi au niveau des personnages, mais cela est bien rattrapé par l'intrigue, le suspens, les rebondissements, les personnages secondaires, l'écriture qui est bonne, mais surtout grâce aux formidables émotions, au idées et messages transmis. Je me souviendrai longtemps de cette série, de Tris et de son courage, de cet univers et de ses conséquences.
  


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